



Extrait De l’Hospitalité par Hyam Yared, lu par Pauline Estienne




Ecomme dans Ecosystème
Je suis mère d’un écosystème unique et iconique.
Ma mer et mes terres sont propices à une vie faunique et florale riche et diverse.
Des pins aux oliviers en passant par la lavande, mes terres offrent une variété florale propre à elles. Une flore
porteuse d’odeurs et de sensations qui rappellent, à quiconque en aurait eu l’expérience, des souvenirs encrés.
Ma mer, quant à elle, étendue fertile et protectrice, est le refuge d’une faune qu’on ne trouve nulle part ailleurs.
Cette riche vie qui fait de moi une aire mythique est fragilisée par l’activité de ceux-là même qui la chérissent.
La perpétualité et l’immortalité qui me sont accordées ne sont qu’une impression qui s’efface petit à petit.
Culture méditerranéenne française
Comme un reflet de castagnole sur les Calanques
Un effluve de bouillabaisse sur les aires de Pétanque
Les grands paquebots de croisières flottants
Traversent la grande bleue, Le Charles de Gaulle reste vigilant
Une balade méridionale
Randonnée sur ce point cardinal
Ecouter les chants corses et déguster un calisson
Héros des temps anciens méditerranéen
Hercule, du grand mythe à la réalité
Insolent fils de Zeus, bienfaiteur de l’humanité,
Sauva le monde par ses travaux,
Traçant alors sa voie d’Athènes à la Crau,
Olbia comme étape de repos.
Ires et courroux de son histoire façonnant,
Récifs torturés, plages charmeuses et pins enivrants.
Envoûtante et ensorcelante voici ma Méditerranée.
A comme dans Art
Jaillie de l’Antiquité comme Vénus sortant des eaux, sur mes deux rives règne une parfaite symbiose entre ses habitants aux origines diverses, je leur ai offert à travers les siècles toute ma beauté, ma tendresse, mes paysages, mes splendeurs, et la récompense était éblouissante. Mes enfants : Matisse, Picasso, Nasreddine, Dinet, Braque, Miro, Dali, Klein et Boltanski m’ont immortalisée par leurs gestes artistiques, ils ont conjugué leurs efforts en mêlant les mouvements artistiques orientaux, musulmans et occidentaux pour me témoigner leur reconnaissance et ils ont fait de moi une icône, un lieu matriciel qui rassemble et féconde non pas l’inspiration et l’imagination de mes enfants mais les artistes du monde entier.
Nostalgiques
Nostalgiques de leur terre, en manque de leurs proches, amis et famille, j’ai tendu la main à ces enfants originaires d’autres terres en leur offrant mon hospitalité et ma diversité culturelle. Je leur ai donné la possibilité
de développer des connaissances intellectuelles pour pouvoir servir leurs chères patries en retour. Mais qu’en est-il de moi ? Ne suis-je pas moi aussi nostalgique de voir repartir ces enfants, mes enfants ?
Gracieux
Est mon climat qui charme, attire les peuples en mon sein.
Mes vents langoureux, la bleuté de mon ciel et la sérénité que procure ma mer sont exceptionnels. Les montagnes qui m’entourent façonnent un paysage harmonieux et agréable. Je suis un espace de repos, de répit, de ressourcement. Mon soleil apporte de la guérison au malade, de l’espoir aux accablés, du courage et de la joie de vivre aux égarés. La chaleur apaise les cœurs et rend très chaleureux ceux qui me côtoient. Tous viennent à moi, toutes les couleurs, les races, les cultures, les religions. Je suis le symbole du métissage tant souhaité et adulé, je suis le lieu de liberté, de respect et d’amour.
Epoustouflantes
Tel est l’adjectif pour décrire mes plages. Quand la chaleur se fera ressentir et que le besoin de se rafraichir sera vital, mes eaux seront un refuge. Le son de mes vagues en guise de sérénade soulage, apaise et mes mouvements emportent avec elles toutes les peines. Quand le ciel et mes eaux ne font qu’un, à l’horizon, se cachent de nouvelles terres. Il vous restera à jamais le doux souvenir de mes sables chauds.
Région multiculturelle
En plus de mes vagues, de ma plage et de mon soleil, j’attire également les gens par ma multiculturalité. J’ai toujours été la forteresse des échanges culturels depuis l’Antiquité. Bien que la Chine soit loin, les échanges culturels ont eu lieu entre elle et moi et ce depuis plus de 2000 ans. La culture chinoise et orientale sont venues à moi par la route de la soie. Elles se sont mélangées et se sont influencées au fil des siècles. Et bien qu’elles soient diverses, toutes ces cultures qui m’entourent ont su trouver un équilibre formant ainsi ma culture, unique mais diversifiée. Voici la partie la plus captivante me concernant !



Mes vastes étendues et mes eaux émeraudes ont abrité les voyageurs, les réfugiés et les aventuriers, de toutes origines, de toutes cultures. On dit souvent que je leur ai beaucoup donné, et on oublie pourtant ce qu’ils m’ont apportée. Depuis des milliers d’années, les Méditerranéens échangent pour enrichir leurs cultures et leurs coutumes, leurs langues et leur spiritualité, leurs arts et leur savoir-faire. Je suis le fruit de ces rassemblements, je suis la grande Méditerranée de vers horizontaux, pleine d’îles, praticable aux marchands, entourée par les ports de tous les peuples.
Depuis des milliers d’années, je vois le peuple méditerranéen partager ses traditions à travers le monde entier, utiliser cette magnifique ouverture maritime pour échanger les produits provençaux comme la lavande, le savon de Marseille, l’huile d’olive en naviguant sur mes eaux. La communion des traditions méditerranéennes fait de mon bassin un point d’ancrage pour la réunification des différentes cultures.
Depuis l’Antiquité je suis source d’inspiration pour de nombreux artistes, de l’Odyssée sinueuse d’Homère aux écrits ensoleillés et chantants de Marcel Pagnol. Ma beauté et mon identité ont inspiré Luc Besson pour la réalisation de son Grand Bleu ou Jacquemus pour broder son « coup de soleil » au milieu des champs de lavande. Muse solaire, j’insuffle à l’art son embellie méditerranéenne.
Je suis le berceau de nombreuses civilisations qui se sont entrecroisées au fil de l’histoire. Ce passé explique ma richesse culturelle que revêt la plupart des voyages vers une de mes nombreuses destinations : de la Côte d’Azur à L’Égypte, de la Turquie à l’Espagne, en passant par les îles grecques, la Sicile, ou la Corse parmi les nombreuses îles qui parsèment la Méditerranée. Plongez dans mon passé historique et culturel, mes spécialités culinaires et mes activités dominantes comme la pêche, les sports nautiques, les croisières. Je suis la première destination touristique au monde, emblématique pour mes paysages, mon climat et la clarté de mon eau.
Si mon territoire est si apprécié aujourd’hui, c’est grâce à la richesse de mes cultures qui se complètent et se comprennent, c’est grâce à ces nouveaux arrivants qui font de moi leur foyer, c’est grâce à ces visiteurs qui se déplacent pour admirer et célébrer mes paysages. Après toutes ces odes à mon nom, c’était à mon tour d’honorer ceux qui font que je suis Mare Vestrum.





Malgré mes eaux claires et accueillantes et le soleil qui illumine souvent mes journées, j’ai été le théâtre de tragédies dont seule l’humanité semble capable. J’ai vu des guerres prendre place en mon sein, des fléaux s’étendre dans mon bassin. J’ai porté malgré moi les bateaux qui amenèrent de jeunes hommes vers les combats en Algérie qu’aucun mot sensé ne peut décrire. J’ai vu des migrants quitter leur pays à la recherche d’un monde meilleur et combien ne sont jamais arrivés à destination ? Ils me faisaient confiance, je n’ai pas su les accompagner.
Même si j’ai regardé, désarmée, la peste traverser mon corps pour atteindre mes côtes marseillaises, j’ai été présente lors de la conception de de cette merveilleuse cité phocéenne, devenue clé pour le marché maritime. J’ai vu naitre de nombreuses civilisations, grandir la démocratie, se développer les empires romains et byzantins, des gloires qui ont fait de moi le centre du monde. J’ai accueilli la bibliothèque d’Alexandrie, un lieu de savoir et de culture inégalable pour l’époque, éternel à travers sa légende. Théâtre de mythes qui ont traversé le temps et l’espace, j’ai vu passer Fanny, Ulysse et Meurseault, j’ai été la muse de Cézanne et Picasso, autant d’oeuvres qui m’ont rendue immortelle. Les merveilles du monde antique se sont élevées sur mes courbes, laissant les esprits s’imaginer le Phare d’Alexandrie ou le Colosse de Rhodes fiers au-devant de mon
étendue bleue.
Les gens oublient souvent leur histoire, mon histoire, l’histoire de cette mer qui les berce. Toi qui penses m’écouter, m’écoutes-tu vraiment ? Toi qui penses porter mon héritage, le portes-tu vraiment ? As-tu conscience de toutes ces coutumes et de ces cultures millénaires que je t’ai transmises ? Mon histoire a créé le monde dans lequel tu vis aujourd’hui, l’histoire d’un monde qui s’éteint. Et si personne ne met l’accent sur ce que je suis, bientôt, je ne serai plus rien. Rien d’autre qu’une étendue d’eau, qui vit, qui voit mais que personne n’écoute.







Il est un grand séducteur ! Il revendique la paternité d’une foule d’enfants, à l’allure métissée. Il en a des petits, des gros, des secs, des charnus, des noirs et même des pâles. Vous les connaissez sans doute, ce sont des icônes dans toute la région méditerranéenne ! Il y a Sabine, Germaine, Ribier et son frère jumeau petit Ribier, Grossane, Belgentiéroise, Cailletier, Cayon, Bouteillan, Aglandau et enfin le petit Salonenque.
Sa progéniture ne chôme pas à l’usine une fois atteints l’âge adulte. Elle s’y fait broyer, presser, conditionner – toujours avec une gaîté sincère – dans un seul but : remplir vos assiettes et satisfaire vos papilles. Du front dodu de ces jeunes ouvriers coule une sueur d’or suave et délicieuse. On les mange à toutes les sauces en Italie, à Nice et en Grèce, et jusqu’au Maghreb.
Et même en Espagne. Olivier a enfanté une arborescence généreuse qui ensemence la cuisine méditerranéenne !
Mais malheureusement… Tout n’est pas vert pour la descendance de ce grand arbre généalogique…
Nombreux de ses fils sont malades. Beaucoup perdent de leur sublime. Des tâches étranges fardent leurs visages, de drôles de champignons y règnent en tyran, des pourrissement de leurs corps surviennent peu à peu.
Il meurt à petit feu. Les responsables ? Dalmaticose, Vertucilliose, Fumagine. Et la liste est aussi longue que ses racines. On peut penser que ses tracas sont bénins, mais c’est une grave erreur. Sans parler de ces pestes d’insectes qui n’arrangent rien ! Et le plus sournois de ces parasites, vous le connaissez sûrement…
Il est le maître de ce cauchemar. Source de tout dépérissement. Le germe d’une persistance dévastatrice. Le vrai porteur de ces maux.
Plus que de petites conséquences, il est créateur d’un cercle vicieux. Destruction par des potions plus que douteuses. Esclaves intensifs. Arnaques et fraudes. Dépérissement de l’air. Anéantissement des saisons. Sécheresses chroniques et forêts qui partent en fumée. On pourrait continuer jusqu’à ce que les feuilles d’Olivier flétrissent et renaissent trois fois – si il y survit…
Qui donc lui cause tant de tourments ? Un petit bipède qui se croit propriétaire du ciel, de la terre et des océans.
Il détruit les cultures ancestrales, mais surtout les racines culinaires d’un monde millénaire en brisant la perpétuité du prolongement patrimonial.
Il venait parfois à Olivier l’idée que si ces bipèdes prenaient conscience des dégâts qu’ils lui infligeaient dans cette course effrénée au rendement, cela pourrait avoir du bon. Il pourrait continuer d’incarner un espoir raisonnable pour quiconque tendrait une main pressée jusqu’à son feuillage.
Proposons donc à cet animal féroce en affaires de s’assembler autour de lui – n’est-il pas un symbole d’espoir et de sagesse ? -, afin de partager l’héritage vivace perpétué par ses enfants, aux saveurs de chaque coutume et de chaque envie, et de discuter sagement des forfaits qu’il commet.
Sinon, il risque de passer au pressoir de leurs mémoires pour finir dans les livres d’histoire.




Depuis les temps antiques, les Aigles et les Lions rôdent,
Prêts à se battre pour leur soif d’Empire,
J’ai maintes fois été le prétexte de tueries abominables,
La témoin impuissante de leurs délires,
J’ai contemplé leurs bassesses et leurs jeux minables,
Les hommes sont capables du pire mais se veulent bâtisseurs,
Aux quatre coins de mes rives, on se croirait en Enfer,
Au risque de plonger mes eaux fertiles dans les Ténèbres.
Autrefois, la vie était paisible comme Port Cros
Par leurs rancœurs, ma chair innocente est percée de leurs crocs
J’étais un paradis terrestre comme Porquerolles
Mais leurs marches vers la guerre dégagent des fumerolles
Du haut de Stromboli, Arès crache le feu de la Guerre
Bannissant la paix hors de la Terre.
Refrain
Bâtir la paix !
La Colombe fera taire les bombes, Des fleurs blanches pousseront sur les tombes,
Le chant des vagues bleues plutôt que celui des canons.
Bâtir la paix !
Les armes se tairont,
L’harmonie règnera entre les nations méditerranéennes.
Je borderai de nouveau les flancs d’une terre humaine.
Bâtir la paix !
Couplet 2
Au Levant, le soleil des Temps Nouveaux lève les voiles d’obscurité,
Répandre sa grâce à une humanité troublée.
Assoiffé de conquêtes, les peuples de guerriers veulent contrôler Gibraltar
Mais ils devraient bâtir la paix avant qu’il ne soit trop tard
Comme Lérins,
Mes enfants sont devenus orphelins
Mais malgré toutes ces peines,
Malgré les doutes et malgré la haine,
Mes flots ramèneront la paix,
Soigneront les maux et apaiseront les cœurs,
Car je suis votre mer, la Méditerranée,
Quelles que soient vos rancœurs, je laverai vos péchés.
Gardez espoir,
La paix triomphera du désespoir.
Refrain
Bâtir la paix !
La Colombe fera taire les bombes, Des fleurs blanches pousseront sur les tombes,
Le chant des vagues bleues plutôt que celui des canons.
Bâtir la paix !
Les armes se tairont,
L’harmonie régnera entre les nations méditerranéennes.
Je borderai de nouveau les flancs d’une terre humaine.
Bâtir la paix !
Couplet 3
Toutes ces horreurs font parties du passé,
Martyrisée par les divisions fraternelles, Chypre a soignée ses plaies
Et se tourne vers un avenir ensoleillé.
Les Hommes ont construit des ponts et rangés leurs fleurets,
Car l’Homme est bâtisseur et sait cultiver la paix,
Il a pris la guerre à revers pour me préserver,
Et me voici chanceuse de sentir cet élan,
Comme une mère aimante qui voit grandir son enfant,
Je serai toujours là comme je l’ai toujours été,
Car je suis votre mer, la Méditerranée.
Refrain final
Bâtir la paix !
La Colombe fera taire les bombes,
Des fleurs blanches pousseront sur les tombes,
Le chant des vagues bleues plutôt que celui des canons.
Bâtir la paix !
Les armes se tairont,
L’harmonie règnera entre les nations méditerranéennes.
Je borderai de nouveau les flancs d’une terre humaine.
Bâtir la paix !
Bâtir la paix !
La Colombe fera taire les bombes,
Des fleurs blanches pousseront sur les tombes,
Le chant des vagues bleues plutôt que celui des canons.
Bâtir la paix !
Les armes se tairont,
L’harmonie régnera entre les nations méditerranéennes.
Je borderai de nouveau les flancs d’une terre humaine.
Bâtir la paix !




Face aux vents et marées, aux conflits, aux remous et
contre-courants, face à la modernité, moi, la “Mare Nostrum” des Romains, je suis restée un repère, un point d’ancrage pour votre monde occidental.
L’émergence de nouveaux mondes a ponctué ma métamorphose : je suis la mer nourricière des avides monnayeurs et des intrépides, voyageurs, je suis la mer qui vous fascine et vous guide mais aujourd’hui, votre monde m’épuise et mes forces s’amenuisent.
Face à mes eaux qui se réchauffent, à ma faune qui se détériore,à ces débris qui m’envahissent, je ne peux me préserver, je ne peux plus résister.
A travers les siècles, j’ai prouvé ma capacité de résilience et de résistance face à votre emprise mais aujourd’hui agonisante, je vous demande de m’aider à me sauver, moi, Mer Méditerranée.



Se représenter
GERVAIS Noémie, IVES Clara,
JANUSZ Camille, SHARMAZANOVA Elia,
TROCELLIER Clémentine
(Master 1 EPI).
Echanger
LAIFAOUI Khaoula, LOSSIKINDE Marthe,
LOUIS Jiveline, RRETHI Irdisa,
RUFFINETTO Justine, WHITLEY Christiana
(Master 1 EPI)
+ CHE Ying, TEUGNI Amandine Laure
(Master Lettres et Humanités).
Raconter
ALLANIC Gwenn, GOURA Sarah,
MUSA Mélissa, ROUBAUD Mandine,
TIRAN Laurine
(Master 1 EPI).
Croire
ALRIC Camille, BOYER Romain,
FABRI Théo, MAZZA Déborah
(Master Lettres et Humanités).
Se nourrir
ABOUELMAL Mehdy, DUPONT Pierre-Gabriel,
SAOUFI Zakaria, SBERNINI David
(Master Lettres et Humanités).
Batir
ETIENNE Vincent, GIROUD-HAURET Lucas,
JALLET Thomas, LEPRETRE Kévin,
MUSCAT Marina, SCHEER Marie-Sarah
(Master 1 EPI).
Compositeur musique : LEPRETRE Kévin.
Résister
BESSIERE Héloïse, BUYS Julie
(Master 1 EPI).
7 verbes
MORIN Ludivine, PAMART Cécile,
POURQUIER Clémence, VALERO Océane
(Master Lettres et Humanités).
En collaboration avec la compagnie théâtrale “Demain nous fuirons”.
